septembre 26, 2008
HEARTFICTION
Résidence / Forêt primaire de Bialowieja, Pologne / Klara Beck – POLART – CEAAC / 2008
bientôt en ligne
Me promener dans les bois Laisser le hasard des rencontres marquer les cailloux Et me permettre de remonter le fil d’une histoire Mon histoire Remonter à l’air libre tout ouvrir Regarder sentir écouter.
J’écoute cette forêt là Je laisse son mystère me retrouver Cette forêt primaire de ma patrie égarée De ma mère partie La patrie de ma mère partie Le mystère de sa forêt Remonte vers moi comme Une brume d’histoire intime.
Heartfiction est une fiction, un documentaire, une enquête, une errance entre les arbres où je reviens sur mes pas, refais concorder le temps, pour être à la fois là, maintenant et présente à mon histoire. Je raconte cet espace auquel j’appartiens et que je ne connais pas. Je reviens en moi à des temps oubliés. La forêt a brouillé les pistes convenables et convenues, a laissé approcher ces images. Beaucoup de mes travaux observent la distance entre l’homme et le monde. Dans Heartfiction, il s’agit plus directement du monde et de moi. La forme narrative du docu-fiction permet d’accéder à la dimension intime du projet, à ce qui me place dans le monde et dans ma vie. Le documentaire porte sur la perception d’une réalité passée, sur la mémoire et le souvenir, sur tout ce qui entretient les fictions intérieures, tout ce qui sous tend les mythes de notre histoire enfouie. Il est aussi une fiction rêveuse qui fait cohabiter les projections intimes, la réalité factuelle et la pression extérieure. Comme dans les autres travaux de l’ensemble “ici et les autres”, j’essaye d’établir ce point de contact entre des univers intérieurs et extérieurs, où l’extérieur, le monde, est considéré à la fois horizontalement, comme espace géographique fait de nature sauvage et de lieux domestiqués, et verticalement dans sa continuité historique de mémoires accumulées. Je veux faire de ce contact un point de rencontre pacifique dans le voisinage des arbres. Ils sont sources et cadres ; chacun d’entre eux un monde d’espaces et d’histoires autonomes. Car l’Arbre est une expansion immobile et nourricière qui porte dans ses entrailles les mystères de la vie et de la connaissance. L’apaisement qui vient de la rêverie à proximité des arbres tient de leur solidité, de leur immobilité d’êtres enracinés, et en même temps de cette plasticité qui leur permet de chercher en bas dans la terre la force d’aller par toutes les fibres aériennes de leur structure vers le ciel et la lumière. La rêverie nous porte à les saisir pour ce qu’ils sont : des planètes, des galaxies, des univers. Sous leur ombrage, si l’été est calme et chaud, dans le bruissement à peine audible des feuilles, notre rêverie vraie, spontanée, éphémère, nous emporte dans l’harmonie de leurs formes et de leurs textures vers une rondeur ancienne. Et si nous les savons naissants, grandissants et un jour mourants, leur temps nous semble une éternité et leur devenir nous échappe pour partager un instant avec eux, leur vie à l’échelle d’un monde entier. Ainsi dans le rêve et la présence, ils sont les témoins de mes rencontres et mes compagnons.
septembre 26, 2008
MON VOISIN, Strasbourg 2007-2009
Observer la distance, l’espace entre soi et le monde.
Dérouler la pelote, révéler puis suivre le fil qui nous mène à l’autre, le voir se tendre et se détendre, avec toujours l’espoir que la distance soit plus courte. C’est ce que cherchent mes yeux derrière l’appareil, ce médiateur qui par le processus photographique ouvre comme une parenthèse, un espace pour permettre la mesure, la mise à jour continue des marges floues de la solitude.
Ainsi, je vois la ville et ses habitants. Tout un monde serré horizontalement et verticalement. Tant de vies se croisent et se décroisent sans vraiment se voir.
Qui est ce voisin ?
Cette personne, qui vit deux mètres cinquante plus haut que moi, ou cette autre qu’un mur de 20 centimètres sépare de moi… si près, si près… on entend ses bruits, sa musique, ses éclats parfois,…si loin pourtant …
On la croise parfois devant les boîtes aux lettres, on connaît à peine son visage. A peine ose-t-on frapper à sa porte quand on est en panne de farine. Il y a cette proximité concrète, réelle qui lie et rassure les citadins et en même temps cette distance abstraite, irréelle mais qui s’impose magistralement entre eux. La ville est née du besoin des gens de se regrouper, de se protéger d’un ennemi, de leur désir de se rapprocher pour faciliter les communications et les échanges. Elle semble ressembler plus aujourd’hui à un territoire de la solitude, de la crainte et de l’ignorance de l’autre.
Ma démarche est simple , elle crée puis fait se rejoindre un lien horizontal et un lien vertical. Quelqu’un que je rencontre, que je choisis, qui m’emmène chez lui, qui ensuite m’introduit auprès de ses voisins. Je les photographie dans leur appartement, dans la pièce qu’ils ont choisie.La chaîne est continue et petit à petit, le lien se révèle.
Ce projet est le deuxième volet d’un plus vaste ensemble appelé : “ Des gens dans la Ville”; un travail de portraits en 4 volets sur la ville de Strasbourg. Les différentes parties de ce projet sont :
1. “Quelques uns, portraits parmi la scène artistique strasbourgeoise”, 2005
2. “Mon voisin”, 2007- 2009
3. « Attraction”
4. “Europe”
Ce travail est soutenu par la DRAC Alsace, le Conseil général du Bas Rhin et les Brasseries Kronenbourg.
Ce volet sera constitué d’environ 300 portraits d’habitants de Strasbourg; des voisins. Parmi la dizaine d’immeubles que je suis en train de choisir dans les différents quartiers de la ville afin d’y rencontrer et d’y photographier les habitants, j’aimerais que soient également représentés des lieux d’habitations où sont réunis des personnes en fonction de leur appartenance à un groupe. Ce groupe peut être plus ou moins large. Les exemples qui me viennent sont les suivants :
– appartenance à une profession (gendarmes) ou à une activité (étudiants),
– appartenance à un groupe religieux (immeuble) ou à une communauté religieuse (couvent)
– situation de précarité (foyer social), d’isolement familial (foyer de jeune travailleur), de dépendance liée à l’âge (maison de retraite)
– ou beaucoup plus largement appartenance à un groupe socio-économique qui détermine le « choix » du quartier où l’on habite (Bon Pasteur, cité « HLM »…)
– et il y aura aussi « l’immeuble sympa », celui dont je me rappelle quand j’étais petite, où les voisins sont devenus des amis et se voient encore aujourd’hui.
Mon but n’est pas la « représentativité de l’échantillon » et le projet n’est pas une enquête objective. Je veux à travers ces rencontres : photos et interviews, faire un portrait de Strasbourg tel que je le ressens, étant moi même une « voisine à Strasbourg » depuis toujours.
Durant l’exposition, ces portraits seront accompagnés d’une bande son réalisée à partir des enregistrements pris lors de ces rencontres.
septembre 25, 2008
MON VOISIN, Strasbourg 2007-2009
Quartier #2 Cronenbourg : les voisins de la brasserie 2008
Presse – Mon Voisin Cronenbourg – DNA-19-08-2008
bande-son disponible à l’écoute très prochainement. Quelques extraits : alsacien-mix vivre sans voisin ?
septembre 24, 2008
EXPOSITION
MON VOISIN, Strasbourg 2007-2009
Quartier #2 Cronenbourg : les voisins de la brasserie
Presse – Mon Voisin Cronenbourg – DNA-19-08-2008
Exposition du 19 au 21 septembre 2008
Brasseries Kronenbourg
route d’Oberhausbergen
67000 Strasbourg
« ZOO » sortie en septembre aux éditions kehrer
août 29, 2008ZOO
« ZOO » éditions Kehrer
“Au zoo” s’inscrit dans un ensemble appelé “Ici et les autres” . Ces travaux parlent de l’écart entre l’homme et le monde et l’observent chercher sa place dans la ville et dans la nature. Ce monde qui l’entoure est considéré à la fois horizontalement, comme espace géographique fait de nature sauvage et d’espaces domestiqués, et verticalement dans sa continuité historique de mémoires accumulées. Ainsi je ressens comme une oscillation entre un retour à la nature, qui nous ramène à la vulnérabilité de notre condition humaine, et à l’opposé, un désir presque forcené d’une inscription dans des villes conçues de moins en moins à échelle humaine et qui nous enivre d’immortalité. La rencontre – collision – avec l’un comme avec l’autre univers se produit rarement en douceur. Elle ressemble plutôt à une météorite entrant avec un fracas étouffé dans l’atmosphère. Ainsi, dans ce léger malaise, le point de contact me semble presque toujours glissant, en léger décalage, comme une interrogation posée sur une certitude. “Au zoo”, ouvre la possibilité d’une rencontre dans la ville avec une nature “sauvage”. Il y a de la nature dans les villes, de la “nature-de-ville” ; des animaux domestiques, de la végétation urbaine, ainsi qu’une faune urbaine sauvage. Toute cette nature est liée à son environnement. Elle s’inscrit et interfère dans notre quotidien, elle prend sa place dans le monde urbanisé, appartient à notre système. Le zoo, c’est tout autre chose; c’est le paradoxe d’une rencontre au coeur de la ville avec une nature “sauvage, non domesticable” qui y est à la fois protégée et dénaturée. Mais on constate vite que cette nature n’a de sauvage que le souvenir, et bientôt ce sera le mythe; elle n’est désormais ni sauvage, ni domestiquée. C’est donc une bien curieuse chose qu’un zoo, nous offrant un contact avec une nature si éloignée de tout ce qui est naturel qu’elle apparaît aussi anachronique qu’un dinosaure. Ainsi, je vois le zoo comme un espace magique n’appartenant ni au monde sauvage, ni au monde domestique; à cheval entre réel et imaginaire, un monde suspendu entre présent et passé où le temps n’a plus prise , où la géographie initiale est abolie et reconstruite nous offrant une prise déstabilisante avec la nature. Lieu créé pour comprendre et conserver, apprendre et préserver, le zoo propose la plus grande proximité du plus lointain, du plus inaccessible, la contemporanéité d’une vie, d’un monde qui n’existent parfois déjà plus. Il participe au projet encyclopédique des hommes et à leur souci taxinomique. Et en même temps il ouvre un espace à l’expérience de la force et de la cruauté des cris, des odeurs, des couleurs d’une nature qui nous échappe. Il crée de la sollicitude et de l’admiration. Mais au delà du désir d’apprendre et de comprendre, il éveille la nostalgie de la puissance naturelle d’un désir plus brutal de seulement prendre.
Klara Beck /Zoo/ éditions kehrer
Authors: Francis Brisbois, Klara Beck Artists: Klara Beck
Hardcover ca. 23 x 23 cm ca. 120 pages ca. 60 duotone ills. German/French available soon ISBN 978-3-939583-84-4 ca. 30 Euro 2008